Revoici Dow Chemicals, 15.81 $, le géant de la chimie, que j'ai abordé la semaine dernière. Le titre abandonne près de 60 % sur un an, pénalisé dans un premier temps par l'explosion des coûts des matières premières, puis par le ralentissement de la demande qui tend à se confirmer sur l'ensemble des marchés de Dow, compensé, pour le moment, par une hausse des prix de vente de 22%. Le groupe est pleinement international et est présent sur l'ensemble des continents. De plus il est côté sur plusieurs places financières, mais la faiblesse des volumes ne permet pas toujours de prendre position facilement. C'est pourquoi je privilégie la cotation de Dow sur le NYSE.
Le PER de Dow Chemicals est très faible, inférieur à 10 selon les différentes estimations, et la "book value" est intéressante. La chute récente du titre a été causée par l'abandon du Koweit dans une opération de joint venture, qui aurait permis d'effectuer le rachat de Rohm & Haas (NYSE:ROH), un autre grand groupe chimiste Américain. Et ce, à un prix extraordinairement élevé, près de 78 $, alors que selon différents courtiers, sa vraie valeur serait comprise entre 20 et 30 $. Le rachat de Rohm & Haas pourrait donc être renégocié (il serait logique que le management de Dow Chemicals tente d'imposer de nouveaux termes au contrat, le premium accordé au actionnaires de Rohm est bien trop important), nous le saurons normalement demain. Si ce n'est pas le cas, Dow procédera tout de même à son opération, mais seulement à la fin de l'année, lorsque l'entreprise disposera de nouveaux fonds. Et Dow devra alors payer des pénalités s'élevant à quelques 100 millions $ par mois de retard. Il paraît difficile que Dow renonce au rachat de Rohm & Haas, qui lui donnera une position dominante dans de nombreux nouveaux secteurs, dont la peinture mais les possibilités sont larges. Un autre partenaire pourrait notemment se manifester pour profiter de l'opportunité, et le procès que Dow va intenter contre le Koweit pourrait être gagné (jusqu'à 2.5 miliards $, mais plus vraisemblablement ~1 milliard $).
Le premier graphique est celui de l'action Dow côtée à Paris. Les volumes sont faibles et il est impossible de dessiner un chart avec des chandeliers japonais. Le titre est en phase baissière, mais survendu. Sur le second graphique, mêmes conclusions. La zone des 15 $ semble bien résister. Durant les deux derniers jours, où la baisse a été forte, Dow est parvenu a rester stable, tentant de longues incursions en territoire positif ce qui est révélateur de l'intérêt que le marché lui porte, malgré les incertitudes concernant Rohm & Haas. Nous serons fixés rapidement sur l'issue du rachat, et le titre sera alors soumis à une forte volatilité. Il pourrait combler le gap créé fin décembre en remontant de 3 $ si les nouvelles sont rassurantes.
Quoiqu'il en soit, si Dow Chemicals tombe plus bas, cela ne changera pas mon point de vue, bien au contraire: prendre position sur le titre, à un niveau aussi attractif, est une affaire en or. Plus que des probabilités de forte croissance durant les années qui viennent, et sans être une valeur défensive, Dow Chemicals me paraît exeptionnelle. J'estimque qu'il y a plus de place pour "la hausse que pour la baisse", mais tout reste ouvert étant donné la tempête qui s'abat mondialement. Nous pourrions même imaginer que Dow continuera de descendre, allant peut-être aussi bas que 10 $, ce qui représente pratiquement 40 % de chute. C'est pourquoi je vais tenter une prise de position progressive au fil des trimestres qui arrivent.
En effet, comme je le mentionnais, sa valorisation est attractive, mais le point fort de Dow Chemicals est son dividende, versé continuellement depuis 1912! Il n'a pas été réduit, et le dividende de 42 cents du trimestre en cours a été confirmé récemment. Le management a certainement compris que le dividende élevé permettrait au cours de l'action de moins souffrir que ses concurrents, le rendement atteint 10.6 % aux niveaux actuels! On peut même imaginer que Dow acceptera de puiser dans ses réserves pour rémunérer les actionnaires, comme cela avait été fait au début des années 2000. Obtenir un rendement aussi élevé (c'est aussi bien que ce que Warren Buffett a obtenu avec Goldman Sachs, mais sans les conditions de maintient du versement) sur une "large cap" plus que centenaire, à une valorisation aussi attractive me laisse penser que les conditions sont réunies pour permettre une prise de position (avec une optique de long terme), selon les principes d'investissement de Benjamin Graham.
Comme je le répète souvent, je crains que 2009 ne suive la voie de 1930, qui, après quelques mois de soulagement, avait été terrible. Si cela est le cas, Dow Chemicals poursuivra sa chute abyssale, comme l'ensemble du marché. Mais la valorisation est tellement faible, la compagnie tellement ancienne et réputée, le dividende élevé et important aux yeux de l'entreprise, qu'il est très peu probable de perdre sur une période longue d'une dizaine d'années. De plus il semblerait que Dow Chemicals commence enfin à prendre conscience de l'obligation de se diriger vers une production respectueuse de l'environnement (c'est en tout cas ce que déclare le CEO, Monsieur Liveris), et ceci ne pourra que satisfaire la nouvelle administration Américaine.
Bons trades.
2 commentaires:
tu as l air fort optimiste john sur dow :D
Enfin un blog comme on en voit sur les sites US.
Le probleme de DOW, c'est qu'ils ont le pistolet sur la tempe en l'absence de walk-away clauses. Meme le dividende n'est plus sacro-saint (recent commentaire du CEO). Il me semble que BASF, qui avait finalement perdu Rohm au profir de DOW, traite sur des niveau de PE similaire mais genere plus de FCF. Quid d'une paire Long BASF / Short DOW?
Alphacut
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