lundi 29 juin 2009

Bernie Madoff sévèrement condamné?


Et bien voilà, le feuilleton de l'hiver a pris fin cet après-midi. Le verdict a été rendu, Bernard Madoff a été condamné à la peine maximale possible, soit 150 ans de détention. Bien sûr, ayant 71 ans et, à moins qu'un valeureux chercheur puisse doubler l'espérance de vie, ceci correspond pour celui qui a roulé dans la farine Steven Spielberg, des collègues, des milliardaires, des banques, mais aussi de pauvres gens qui ont perdu toutes leurs économies, à une peine à perpétuité. Avec un gros supplément moral, la justice Américaine insiste bien sur le fait que la peine se poursuit jusqu'à son terme, car ses crimes sont moralement inacceptables. 150 ans peuvent paraître totalement idiots, ridicules, mais dans la culture de la justice américaine, l'aspect symbolique et religieux importe beaucoup. J'aime assez cette façon de penser, mais cela n'engage que moi bien entendu. Combien de victimes physiques indirectes? Au moins une, je pense au gestionnaire français, De la villehuchet, qui avait mis fin à ses jours dans la tourmente de la révélation du Ponzi Scheme.






On parle déjà de reconsidération du cas Madoff dans un futur proche, mais tout porte à croire qu'il finira ses jours en prison. Alors que des milliards (on parle de 65) se sont évaporés, les autorités cherchent à récupérer un maximum de cash, de biens à la famille madoff en vue d'indemniser les victimes, mais ce qu'elles vont récupérer sera véritablement marginal. Bien-heureux ceux qui ont fermé leur compte Madoff il y a quelques années. Bien-heureux ceux qui n'ont pas tout misé chez Madoff. Ainsi, encore une fois le bon vieux proverbe s'est vérifié: ne jamais mettre ses oeufs dans le même panier. Il est sage d'en avoir plusieurs, et vraiment au moins deux.






L'audience du procès a applaudi l'annonce du verdict. D'après ce que j'ai pu voir sur bloomberg, les victimes sont satisfaites. Elles espèrent récupérer leur argent, au moins pour partie et pour "50 % I will be in heaven!", a dit une américaine plutôt tourmentée. Certains pensent que Bernie cache des fonds dans des compte off-shores, mais trouver des sommes importantes semble de moins en moins probable. Ruth, l'épouse du diable se dit dévastée (par la trahison de son mari, pas par la sentence), et devrait sauver quelques billes, elle pourra conserver 2.5 millions $ de cash si mes souvenirs sont bons.


La peine est à comparer avec celles des plus mauvais PDGs de l'histoire américaine: un autre Bernard (Ebbers) pdg de worldcom, et Jeff Skilling pdg d'Enron. Tout deux sont responsables de la misère de beaucoup de monde, et les pertes ont là aussi été considérables. La capitalisation d'Enron dépassait les 60 milliards $, donc on peut mettre en comparaison l'importance des dégats entre ces deux vilains financiers. Pourtant, ils n'ont été condamné qu'à 25 et 24 ans de prison. Ebbers purge sa peine en Louisiane, Skilling dans le Colorado. Je suppose que Madoff restera dans l'Etat de New York. Peut-être ira t'il retrouver un compagnon en la personne d'un autre pro de l'escroquerie, Sir Allen Stanford, mais il faudrait pour cela qu'il obtienne un transfert de cellule à Houston. Mais après tout, quelle importance?
Bref, méfions nous de ce qui est trop beau (croissance exponentielle permentente ou rendement élevé assuré quelle que soit la tendance du marché), et attention aux Bernard, si je puis me permettre ;)






Quoiqu'il en soit, la planète finance a été bien purgée par cette crise sans précédent. Mais Wall Street a toujours eu la mémoire courte (trop?), et la nature humaine, ou du moins la nature de certains de nos congénères, fait qu'il y aura toujours des mini madoffs quelquepart. Il est malheureux de devoir en arriver à un chaos total pour que les choses soient réglées, mais il en est ainsi, je doute qu'il en soit jamais autrement.


Sur cette petite note philosophique, je n'ai plus qu'à vous souhaiter une bonne soirée. Et bons trades :)





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