mercredi 4 février 2009

Philip Morris International (NYSE:PM) déçoit le marché


Le cigarettier Philip Morris International, 36.72 $ à -4.18 %, a publié aujourd'hui ses résultats 2008 et son chiffre d'affaires. Le CA est ressorti en légère hausse par rapport à l'année dernière sur le dernier trimestre uniquement, mais les profits ont baissé d'un peu moins de 8 %, soit environ 130 M $, ce qui s'explique essentiellement par la hausse du dollar face à de nombreuses autres monnaies. Les pertes liées au change s'élèvent à 83 M $ pour la seule Union Européenne, plus de 100 M $ pour la zone Europe de l'Est/Moyen Orient/Afrique. Cette forte exposition aux risques de change est le résultat de la composition du groupe: il est totalement international et ne vend pas de cigarettes aux Etats-Unis. Il ne faut pas confondre l'action avec Philip Morris USA, qui elle, appartient à Altria (NYSE:MO). Philip Morris International est d'ailleurs le fruit d'un spin-off avec Altria il y a près d'un an, et controle selon les estimations 15 à 16 % du marché mondial de cigarettes (USA exclus). Son portefeuille de marque comprend notemment Marlboro, le symbole du tabac s'il y en a. Ce qui entraîne la chute en ce jour est plutôt la faiblesse des anticipations de résutlats pour 2009, en deçà des prévisions des analystes de 43 cents.







Les ventes de PMI se répartissent de manière relativement homogène entre ses différentes zones d'activité à travers le monde. A noter qu'un grand marché, le marché chinois (30% de la consommation mondiale de tabac), lui est presque entièrement fermé, le tabac chinois étant sous le monopole de la China National Tobacco Company. On retrouve néanmoins ses produits dans l'Empire du Milieu, mais ce sont des cigarettes contrefaites. La Chine est régulièrement encouragée à libéraliser son marché du tabac par l'OMC, mais une telle avancée n'est pas d'actualité.

En début de séance le titre plongeait de près de 10 %, mais il semblerait qu'il s'agisse d'une légère exagération du marché, car le titre s'est rapidement repris. Il se trouve dans une zone de soutien près du plus bas en clôture de décembre et du plus bas en séance d'octobre. Il apparaît survendu, la plupart des indicateurs montrent qu'un rebond est envisageable. Techniquement donc, nous pourrions tenter un achat, si celui-ci échouait, cela signifierait que l'ensemble du marché casse ses plus bas de 2008, la chute risquerait alors de mener très loin, vers les 6000 points pour le Dow Jones selon certains gourous de l'analyse technique. Sur le moyen-long terme la donne change. Il ne faut pas négliger les effets dévastateurs du tabac sur la santé des personnes exposées directement et indirectement. Certaines désincitations sont en place dans de nombreux pays, il est possible qu'à l'avenir des restrictions, des interdictions, soient mises en place bien que j'en doute personnellement. Les taxes sont cependant appelées à monter.

Ces craintes mises à part, Philip Morris présente certains points forts, tels que le rendement qui avoisine les 6 % aux niveaux actuels. J'ai d'ailleurs assisté à la conference call aujourd'hui, le CEO, Monsieur Louis Camilleri a confirmé que le dividende restait une priorité, et qu'il n'avait pas l'intention de le réduire. Le programme de rachat d'actions devrait également se poursuivre, tout ceci permis par la génération d'un important cash flow.






Une prise de position sur la valeur n'est pas forcément considérée comme très éthique, mais je considère, en tant que non fumeur, que les actionnaires ne sont pas responsables des achats potentiellement mortels des consommateurs (la firme précise bien les risques encourus par les fumeurs sur son site). Philip Morris pourrait traverser la crise sans trop de casse et réaliser de bonnes performances sur les semaines à venir à condition que les supports résistent. Un retour à 40 $ me suffirait, ensuite objectif atteignable de 45 $.


A noter que Philip Morris International est aussi côté en Suisse et à Paris, mais la faiblesse des volumes incite à se tourner vers le NYSE. Par ailleurs, je tiens à préciser que les dividendes versés par PMI ne sont pas soumis à la retenue de 30 % habituelle imposée à tout actionnaire non américain, et ce parce que Philip Morris Internatioal est une société "80/20". Ce ratio signifie que PMI fait partie des compagnies réalisant 80 % et plus de ses ventes en dehors des Etats-Unis et une partie du dividende versé aux actionnaires étrangers n'est pas taxée à la source. Il est indiqué sur le site de PMI que seuls 5 % du dividende sera soumis à la taxe de 30 % en 2009, mais il ne s'agit pas d'une certitude. Quoiqu'il en soit, ceci constitue un important avantage comparé à certaines compagnies US versant un dividende, mais taxé immédiatement à la source.


Bons trades.

3 commentaires:

Franz a dit…

merci john pour cette analyse, on verra bien quand sa montera.
paco

Anonyme a dit…

Salut L.C. ! Je viens de regarder les résultats annuels de PMI à www.docs.i-version.com/?id=F5TYFWKJ5
Les résultats consolidés de 2008 indiquent, par rapport à 2007, une augmentation du chiffre d'affaires, du profit brut, du profit d'exploitation et des gains nets totaux et par action, même dilués. Peux-tu me donner une indication pour trouver où se trouve la baisse du profit de 8 % dont tu parles dans ton premier paragraphe ? Ou alors tu parles d'une baisse du profit durant le dernier trimestre ? Éclaire-moi un peu. Merci.

Pierre
Montréal

L.C. a dit…

Bonjour Pierre,

J'évoquais les chiffres du seul trimestre précédent. C'est vrai que ce n'est pas forcément clair quand on lit la première phrase de l'article.

L.C.